Wim Vandekeybus

Wim Vandekeybus (1963) est chorégraphe, danseur, cinéaste et photographe. Il fonde Ultima Vez, sa compagnie de danse, au milieu des années quatre-vingt. Ses débuts artistiques sont remarquables avec son premier spectacle What the body does not remember (1987). Ce spectacle lui vaut un Bessie Award, récompensant une œuvre novatrice. Son deuxième spectacle, Les porteuses de mauvaises nouvelles, est lui aussi été récompensé par un Bessie Award. Au cours des dernières décennies, Vandekeybus a marqué, à sa manière, l’évolution de la danse moderne grâce à ses spectacles, tant ici qu’à l’étranger.

Le langage du mouvement de Vandekeybus, qui oppose l’énergie, le risque et le danger à l’intuition, l’impulsion et l’instinct, est l’expression dansante d’une vision de la vie dramatique, pleine de dynamisme et de conflits. Au cœur de son œuvre, la tension palpable entre le corps et l’esprit, le sentiment et l’intellect, l’homme et la femme, la nature et la culture, l’humain et l’animal, le groupe et l’individu, l’illusion et la réalité. Vandekeybus se pose constamment la même question : comment l’homme réagit-il dans des situations extrêmes ? Dans ce contexte, il parle du « moment de la catastrophe », sans exclure l’humour, le jeu ni une certaine légèreté de son œuvre.

Les spectacles de Vandekeybus sont des montages associatifs qui évoluent de préférence dans des disciplines qui ont conservé une grande autonomie. Sa danse possède une grande qualité théâtrale. La musique (live) et les vidéos et films font partie intégrante de cette expression théâtrale et sont souvent le moteur des spectacles. Vandekeybus a collaboré avec des musiciens tels que Thierry De Mey, Peter Vermeersch, David Byrne, David Eugene Edwards, Arno, Charo Calvo, Mauro, Marc Ribot et Trixie Whitley. Le chorégraphe a créé des courts métrages pour plusieurs spectacles, dont certains sont devenus des œuvres autonomes, comme Blush (2004) et Monkey Sandwich (2013). En 2015, Vandekeybus réalise son premier long-métrage avec Galloping Mind (2015).

Au départ, le texte et le récit ne sont que peu présents dans ses spectacles, tout à fait subordonnés aux corps et à leurs mouvements imprévisibles. Au fil du temps, l’œuvre de Vandekeybus évolue vers des fables cohérentes, qui concernent souvent la société, l’individu et le conflit. Le thème de ses spectacles passe de tensions purement physiques entre les corps à des tensions entre groupes et entre groupe et individu. Il a mis en scène des tragédies existantes de Jan Decorte et Euripide et a collaboré avec des auteurs contemporains comme Bart Meuleman, Peter Verhelst et Pieter de Buysser. Des spectacles récents tels que Mockumentary of a Contemporary Saviour et TrapTown abordent la grande inquiétude quant à la situation politique actuelle dans le monde.

Dans chacun de ses spectacles, Vandekeybus cherche une nouvelle forme : « C’est pour ça qu’une fois, je crée un spectacle très musical (nieuwZwart), que la fois d’après je fonde un projet sur les expériences d’un seul homme (Monkey Sandwich), que je choisis ensuite un thème dans la mythologique classique (Oedipus/bêt noir ou Die Bakchen) ou que je monte une pièce-analyse où la théâtralité joue un rôle majeur (Talk to the Demon). » Le coeur de son œuvre est et reste l’énergie vitale du corps. Vandekeybus a développé une œuvre riche et diversifiée, appréciée à l’échelle nationale comme internationale.

© Johan Jacobs
© Danny Willems
© Saskia Vanderstichelen